Après lancement, au mois de juin, d’un vaste programme sur dix ans (2022-2023) sur la promotion de la participation citoyenne pour renforcer la transparence budgétaire « Notre argent, nos droits » , la Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’ Evolution des Mentalités a lancé , ce mardi 07 mars, le premier projet intitulé »Gouvernance budgétaire renforcée comme préalable à la relance économique » . C’était dans une conférence de presse ouverte au public pour expliquer l’intérêt du projet.
« On ne saurait pas parler de la bonne gouvernance sans parler de la transparence budgétaire. C’est la clé de la gouvernance, du renforcement de la démocratie dans un pays car , le contribuable est sensé avoir le rapport de gestion de son argent « , a fait savoir Faustin Ndikumana, président de la PARCEM . On a jugé les défis, poursuit-il , qui hantent le développement du Burundi actuellement , qui entravent la relance économique : le constat a été que c’est l’absence de la bonne gouvernance. Le président de cette organisation non gouvernementale est convaincu que le projet vient pour apporter appui aux efforts du chef de l’État. « Évidemment, la PARCEM salue les efforts du président actuel , Evariste Ndayishimiye , qui a fait de la lutte contre la corruption, son cheval de bataille pour relancer l’économie. « Nous voulons le soutenir dans ce combat difficile », s’engage-t-il . Le projet vient au moment où le Burundi est entrain de procéder à la deuxième évaluation PEFA, de l’encouragement. « Que l’évaluation ne reste pas morte ou les conclusions ne finissent pas par être conservées dans les tiroirs« , demande-t-il. Le projet, explique cet activiste, sera centré sur la participation du public, la disponibilisation des données budgétaires et le contrôle des cohérent des finances publiques. Se référant sur une agence internationale qui classe les pays sur le degré de la transparence budgétaire, le cas du Burundi est une honte. La place du notre pays n’est pas du tout bonne.
« Pour le contrôle budgétaire, le Burundi occupe la 112ème place sur 120 pays avec une note de 24%. En ce qui est de la transparence budgétaire, le pays de Ntare Rushatsi n’a que neuf centième. La place est 108 . Et au niveau de la participation du public , c’est un bon zéro tracé au compas sur 100« , déplore -t-il. Il jure qu’il est grand temps que tout le monde investisse tous les efforts pour tenter de renverser la tendance.
L’absence de la bonne gouvernance n’est pas une fatalité
L’objectif du projet vise à renforcer la gouvernance budgétaire à travers la participation du public, la disponibilisation des informations à temps à travers 8 documents (le rapport préalable au budget ; projet de budget de l’exécutif ; budget citoyen ; budget adopté ; rapport en cours d’année ; revue de milieu d’année ; rapport de fin d’année et enfin le rapport d’audit) du processus budgétaire. Et un contrôle cohérent des finances publiques.La soif du président de la PARCEM est de voir le Burundi mieux côté. Il est convaincu qu’augmenter la note est fort possible. « Ce n’est pas une fatalité, il suffit d’engager les réformes nécessaires avec une volonté politique bien affirmée » , reste-t-il optimiste.
De l’impact du projet
Les initiateurs du premier projet « gouvernance budgétaire renforcée comme préalable de la relance économique » , espèrent un impact positif significatif dans le développement du pays , une solution aux problèmes. « L’impact est de parvenir à accroître la crédibilité de la capacité de gestion budgétaire de notre pays surtout inspirer la confiance aux bailleurs de fonds, bénéficier les appuis multiformes, rassurer les investisseurs, etc. Tout ça afin de faire face aux problèmes liés au développement« , dixit Ndikumana. Et d’ajouter, le Burundi est sous le choc du manque de devises, l’inflation qui arrive à 30% , d’où des réformes sérieuses dans la gouvernance budgétaire doivent être prises pour sauver le pays ; sinon, le pays va continuer à s’enfoncer. La PARCEM engagée à s’y mettre.
Le rapport d’audit et le budget, parmi les cibles du projet
Faustin Ndikumana insiste sur le budget citoyen et sa rédaction. Pour le président cette organisation de la société civile, le budget citoyen doit être écrit dans un langage simple et pas dans un langage trop technique, universitaire avec des termes macroéconomique, compliqué. Pourquoi pas l’écrire en kirundi pour que tout citoyen puisse le lire et le comprendre ? Cela, explique-t-il , permettrait à tout citoyen de s’investir dans le contrôle, le suivi et demander le rapport. « Désormais, ce n’est plus le président de la République qui devrait circuler tout le pays pour constater si un projet a été exécuté ou pas, tout citoyen est appelé. C’est l’affaire de tout le monde « , lance-t-il un appel. Le rapport d’audit, un autre élément que la parcem cible. « Il faut avoir un système cohérent pour un audit de l’argent du contribuable« , insiste cet activiste. Une lueur d’espoir. Selon lui, certaines réformes sont beaucoup plus promoteuses. La restauration de la mission juridictionnelle à la cour des comptes est un bon exemple. « Nous voulons une cour des comptes dynamique. Celle-ci a même le droit d’auditionner, il faut le faire. Appeler par exemple les ministres pour venir d’expliquer sur la gestion de l’argent du contribuable« , a-t-il lâché . Il précise que les ministres sont les premiers gestionnaires. Et d’insister, on ne veut plus demeurer dans les systèmes des années passées. C’est horrible de voir des mensonges taillés sur mesure chantant une production extraordinaire et le pays s’embourbe. Le projet sera allergique aux infractions qui minent la gestion budgétaire. Le président de la PARCEM n’y va pas par quatre chemins, « on doit couper court aux histoires de percevoir l’argent d’ici et là pour financer des projets hors budget et le contrôle reste toujours une problématique, ça ouvre une porte à la corruption et des enrichissements illicites alors que c’est l’argent du contribuable »,
Le manque d’expérience évoqué aux magistrats
L’expérience fait défaut. Les magistrats de la cour des comptes sont remplacés à six ans. « Le fait qu’on remplace les magistrats après le mandat est un défi qui peut entacher notre travail. Le magistrat exerce son métier avec en tête l’idée de partir, il n’est pas stable. Remplacé à six ans, il part avec son expérience. Et arrivent d’autres sans moindre expérience », remarque Antoine Iradukunda , magistrat à la cour des comptes. Pour lui , le moyen efficace pour permettre aux magistrats de travailler en toute indépendance, est soit, multiplier les formations et renforcement des capacités pour les nouveaux, soit revoir la loi qui régit cette institution. Sinon, poursuit-il, trancher en faveur de la loi sera toujours difficile n’étant stable avec des tentations multiformes .
Gérard Haburanimana