Constance Ndayishimiye est une femme de six enfants, exerçant le métier de cordonnerie. Elle habite à Kanyosha, en mairie de Bujumbura, avec son mari qui a connu un problème X l’empêchant de pouvoir répondre aux besoins de la famille. Heureusement, Constance est là. Son lieu de travail est à la 7ème avenue (au bord de la RN3)
Rencontrée à son lieu de travail, Constance Ndayishimiye nous a indiqué que la famille vit de son métier. « C’est moi qui sais la valeur de mon métier de cordonnier. Les dépenses relatives à la ration, aux minervaux pour les enfants ainsi que le loyer sont couverts par les revenus de mon métier« , a-t-elle témoigne. À peu près 8 ans d’exercice, la cordonnière Constance explique qu’aucun jour, elle aurait eu de difficultés des frais pour la ration. Initier une activité génératrice de revenus brisant les barrières traditionnelles n’est pas chose facile. « Au départ, j’étais le sujet de débat dans le quartier. Des critiques négatifs me taxant d’exercer un métier réservé aux hommes« , se souvient-elle. Le soutien de son conjoint ainsi que des administratifs locaux l’ont aussi aidée à tenir debout. Le revenu journalier est estimé entre 10.000 et 15.000 FBu. Avec l’introduction de la fabrication des sandales, elle peut aller au-delà. Son ambition, malgré le défi des machines appropriées, est de bâtir une grande entreprise cordonnière moderne et de fabrication des sandales. Cela, trouve-t-elle, contribuera au développement du pays par création des emplois et augmentation de l’assiette fiscale.
Quand les critiques négatifs changent en éloges
« Après avoir découvert ce que je gagne, on m’apprécie. Celles qui me pointaient du doigt, m’encouragent aujourd’hui et me prennent comme modèle dans la société« , se réjouit-elle. Ndayikeza Mariane, voisine de Constance, trouve exceptionnel le courage de la cordonnière. « Au départ, on ne la comprenait pas. Mais aujourd’hui, elle est une fierté du quartier. En tout cas, elle est une notre source d’inspiration« , témoigne-t-elle.
Acher Niyonizigiye professeur d’université et représentant légal de Green Alliance, une organisation qui appuie les initiatives des groupes marginalisés, appelle les femmes à ne plus se sous-estimer. Ce professeur fait savoir qu’aucun métier réservé exclusivement aux hommes. « Les femmes sont capables. Elles l’ont déjà témoigné. Dans les écoles, les filles peuvent se classer premières devant les garçons”, leur soutient-il. Les femmes sont de bonnes gestionnaires. Selon Niyonizigiye, il y a eu pendant plusieurs années une certaine stigmatisation qui consistait montrant à tort qu’il y a d’emplois réservés aux hommes. Mais, poursuit-il, les choses ont changé, les femmes sont appelées à briser les barrières non fondées et se créer une vraie identité et une notoriété par prouver ce dont elles sont capables de faire. Cela changera l’image de faiblesse leur apportait. « Une femme qui contribue financièrement dans le foyer est respectée”, constate Médiatrice Nahimana, une sociologue. Elle fait savoir qu’une femme qui n’apporte pas son appui a plus de risques de subir des violences. Selon elle, le mari arrive à se sentir fatigué de toujours entendre la voix « donne-moi de l’argent. »
Emérence Bucumi, Présidente du Forum des Femmes du Burundi, appelle les femmes à s’approprier la vision du pays. « La vision du Burundi, pays émergent en 2040 et riche en 2060 ne peut en aucun cas être possible si les femmes ne s’y impliquons pas. C’est nous qui sommes nombreuses par rapport aux hommes. J’invite les femmes à suivre le modèle de Constance Ndayishimiye », leur a-t-elle prodigué des conseils. Et d’ailleurs, poursuit-elle, même le président de la république ne cesse de témoigner son soutien envers nous, les femmes.
Gérard Haburanimana