L’infertilité est un phénomène social mal aperçu par la société. Le sujet reste tabou. Dans un couple, le tort est souvent jeté à la femme . Pourtant , la pathologie affecte autant la femme que l’homme .Seuls les résultats des tests peuvent lever tout doute.
Anitha Niyobushobozi a été victime de l’accusation injuste d’infertilité . En couple avec Égide Nzohabonayo à Kamenge en mairie de Bujumbura , le couple a passé deux ans sans avoir eu un enfant . Ses beaux-parents l’ont ruinée l’accusant jusqu’à faire comprendre à l’époux de se séparer d’elle. « Tu dois divorcer, tu as épousé une femme infertile. On ne peut, en aucun cas, accepter qu’elle reste dans notre famille. Va-t-elle rester seulement pour manger ? Tu dois chercher une autre« , menaçaient les parents d’ Égide . À deux mois de séparation temporaire, un docteur ancien collègue de classe d’Anitha qui entendit la situation, s’est mis à réconcilier le couple. Le conseil leur donnait a été de consulter les professionnels de la santé. Finalement, les résultats du laboratoire ont montré que la femme n’a aucun problème. Plutôt , l’infertilité a été constatée à l’homme. “La vie en couple reprend et l’homme se met à la prise en charge et conseils qui ont abouti au succès« , nous a-t-il raconté Anitha ce 15 septembre 2023 , deux ans après la situation avec un enfant d’un an et un autre qui va bientôt voir le monde. « La stigmatisation liée à l’infertilité dans la société burundaise est plus qu’une réalité« , a confirmé aussi la Première dame Angeline Ndayishimiye lors d’un atelier de sensibilisation sur la prise en charge sur l’infertilité à Gitega au mois de Mai 2023. Elle déplore que certains hommes et belles familles pointent du doigt sur la femme dans le couple infertilité comme si l’homme est épargné de la pathologie. Elle a indiqué que le gouvernement burundais s’est activé pour tenter de mettre fin, d’abord à la stigmatisation mais également à multiplier les actions visant à la prise.
Même son de cloche que Dr Ananie Ndacayisaba , directeur du Programme National de la Santé de la Reproduction qui trouve malhonnêtes les accusations souvent à l’égard des femmes. « L’infertilité n’épargne personne, elle peut affecter la femme comme l’homme« , a-t-il insisté . Et d’affirmer, l’infertilité est une réalité au Burundi. Pour lui, deux raisons sont à l’origine des accusations : l’ignorance ainsi que le fait que les gens ne veulent pas parler des choses dont ils se sentent coupables.
Parlons-en , l’infertilité n’est pas une fatalité
« Dans le monde, 48 millions de couples sont victimes de l’infertilité soit environ un couple sur quatre dans les pays en développement », indique Crespin Xavier, représentant de Organisation Mondiale de la Santé au Burundi, OMS. Et de s’inquiéter, l’Afrique est le continent présentant plus de difficultés à procréer : 15 à 30% des couples infertiles. Les problèmes liés aux menstruations ou à la sexualité, le manque de libido ou dysfonctionnements érectiles, le faible nombre de spermatozoïdes ainsi que d’autres maladies sexuellement transmissibles signalés entre autres comme causes de l’infertilité. Dr Ananie Ndacayisa appelle le couple à consulter les professionnels de santé s’il n’arrive pas à concevoir pendant une période d’un an ensemble et ne suivre que les instructions du médecin. Aussi, poursuit-il, il faut renforcer le dialogue honnête entre le couple et ne plus prêter l’oreille aux gens malintentionnés. « Pas de tabou. Pourquoi on a pas peur de dire que tu souffres de la malaria, du diabète ? »,dixit le directeur du PNSR. Ananie Ndacayisaba propose aussi de recourir à la fécondation in vitro et à l’insémination pour résoudre le problème d’infertilité.
Gérard Haburanimana