L’État du Burundi a mis en place une option d’octroyer un crédit sans intérêts de 20.000.000 de Fbu aux coopératives collinaires pour relever le niveau du développement des communautés espérant un remboursement dans deux ans. L’état de remboursement n’est qu’à 2.01% , un pourcentage qui déçoit les députés. Le ministre ayant le développement communautaire dans ses attributions, invité à l’assemblée nationale, ce 20 septembre pour une séance des questions orales, leur tranquillise. Il part par donner des raisons qui seraient à la base de ce faible taux de recouvrement
Partant du rapport d’audit de la performance de la commune de Giheta produit par la Cour des comptes pour l’exercice budgétaire 2019/2020 , le taux de recouvrement de 5.7% n’a pas laissé indifférent les députés et ces derniers ont voulu savoir la situation au niveau national. « Sur 58.220.000.000 fbu octroyés à 2911 coopératives collinaires, seulement 1.169.833.822 Fbu ont été remboursés, soit un taux de 2.01% » . Gihanga qui est le modèle dans le remboursement n’est qu’à 26.78% . Cette commune de la province Bubanza, ouest du du pays, est suivie de la commune Bubanza avec un pourcentage de 24.09% . Rutegama de la province Muramvya vient en 3ème position avec 23.60% . Nombreuses sont les communes dont le taux de remboursement est à 0%.
Les élus du peuple trouvent que ce faible niveau de remboursement des prêts résulterait de l’insuffisance du cadre réglementaire qui ne précise pas les procédures de recouvrement et la responsabilité des différentes parties prenantes ; à l’insuffisance liée au fonctionnement des organes de gestion des coopératives et leur encadrement ; à l’insuffisance et l’opérationnalisation de la stratégie d’encadrement des coopératives collinaires ainsi que l’insuffisance d’une bonne planification et suivi-évaluation des projets.
Les députés déplorent que les coopératives bénéficiaires des crédits n’ont pas été bien préparées, ce qui a fait que certains considèrent ce prêt comme dons . Ils soulignent le manque de coaching. « Il faut mettre en place une structure rapprochée d’appui technique et de coaching du mouvement coopératif de la commune à la province« , ont-ils recommandé. Le souci des députés est le risque de voir des milliards se volatilisés alors qu’on avait l’espoir pour cet investissement.
Le ministre en charge du développement communautaire, ne jette pas l’éponge
Martin Niteretse, ministre de l’intérieur, du développement communautaire et de la sécurité publique reconnaît le tort mais reste convaincu d’un avenir prometteur issu des retombées de ces crédits. « C’est vrai le problème de recouvrement tient au cœur les communes et les coopératives. Les communes ne s’y ont pas beaucoup impliqué. Certaines coopératives ne savaient pas qu’elles devraient rembourser les crédits reçus. Il y a une loi relative au recouvrement qui n’avait pas été vulgarisée aux administrateurs mais pour le moment ils sont au courant« , a-t-il répondu le ministre Niteretse aux députés.
Néanmoins, le fait que le taux de recouvrement est encore bas, n’est pas synonyme d’une perte. « Certaines coopératives ont affecté le financement dans l’élevage, ce qui prend des années pour avoir d’intérêt et rend difficile le recouvrement. Martin Niteretse affirme qu’il y a des coopératives qui se tiennent bon. Il donne l’exemple de la récolte du maïs enregistrée 2021-2022.
Le ministre a fait savoir que les stratégies efficaces et efficientes pour recouvrement. Il affirme qu’il y a quelques 5% des coopératives collinaires financées en zone rouge qu’on est entrain de sauver.
Martin Niteretse a promis de renforcer techniquement et organisationnellement ; réactiver les administratifs pour suivre de près les coopératives financées et s’y investir dans le recouvrement. Toutefois, le ministre n’exclut pas la porte aux sanctions aux détourneurs. Répondant à la question du député Prosper Manirambona évoquant le cas des dizaines de millions octroyés aux coopératives de la commune Bukeye mal orientés, le ministre Niteretse a réaffirmé son engagement de « tolérance zéro » à toute personne qui sera coupable des actes de détournement.
L’État du Burundi a commencé à octroyer aux coopératives et sociétés coopératives des crédits remboursables sans intérêts en 2019 . Le but était d’accroître la production agricole et l’élevage ainsi que la transformation.
Gérard Haburanimana