Sandrine NIZIGIYIMANA : « Le cinéma, c’est ma vie »

Sandrine NIZIGIYIMANA est à la fois cinéaste et actrice de cinéma. A la fin de ses études universitaires en 2015, cette lauréate de l’Université du Lac Tanganyika en Communication sociale s’intéresse au cinéma. Au cours de cette année, elle produit son premier film « Ejo ni heza » puis trois autres : « Ebenezer », « Umugore w’ubwenge » et « Buzoca ». Aujourd’hui, elle travaille à l’Agence Burundaise de l’Electrification Rurale. Elle est chargée de la communication. Découverte

34 ans. Mère de quatre filles. Pesant 100kg, les boulettes font son plat préféré. Souple, malgré sa corpulence. Amoureuse du sport, la gym est son coup de cœur. Sandrine NIZIGIYIMANA, une  cinéaste fière. Elle voit le cinéma comme l’aura de sa vie. Elle le dit tout haut : « Le cinéma, c’est ma vie ».

La plupart de ses films prônent la femme. Elle en explique les raisons. « Je suis une femme.  Mon sang est féminin à 80%. Mes histoires sont alors pour les femmes».

Toute petite. Elle s’intéresse au théâtre à 10 ans. Elle devient une actrice de théâtre dans son église, Eglise Evangélique des Amis. Elle grandit avec une ambition de devenir dramaturge un jour. «A la fête de Noël ou lors des croisades, j’avais l’habitude d’écrire des théâtres». Elle découvre donc que c’est un talent que Dieu a enfoui en elle. « Je dois l’utiliser pour servir le monde ».

A l’école secondaire, elle est orientée en section scientifique. Et à l’internat. Ça ne vaut pas la peine d’y aller. Amoureuse de l’art et la littérature, elle veut fréquenter la Section des Lettre Modernes. Elle s’enrôle au Lycée Central Saint Gabriel sis à Ngagara au quartier 7 au nord de Bujumbura Mairie. Le théâtre reste sa grande préoccupation. Toujours à son église.

Sandrine NIZIGIYIMANA (à gauche de la photo) , habillée une robe en pagne lors du lancement officiel de son film « Buzoca » .©DR

Le théâtre, puis le cinéma. Vers la fin de ses études universitaires, elle opte pour le cinéma. « Je voyais qu’à la fin de mes études, je dois faire quelque chose pour la survie». Elle écrit son premier film en 2015. Elle demande le soutien à ses anciens camarades à l’université et aux membres de son église. « Après sa production, nous avons eu un bénéfice de trois plus que le montant utilisé». Une fierté se lit sur ses lèvres à travers son sourire.

Une enfance turbulente à Bwiza. Mais à en tordre de rire. Que des souvenirs du cinéma. « On m’appelait Télévision à la maison. Je les faisais toujours rire ». Un jour, un petit jeu d’enfance à la maison. « Chacun avait un rôle d’un tel animal. Moi j’étais un coq. A 5 heurs du matin, derrière la porte. J’ai chanté un cocorico à la manière d’un coq. Quand papa est venu voir ce coq qui poussait mes sœurs à rire à 32 dents, il trouve que c’est moi ». Elle a failli mourir de coups de fouet de son père.

Ses sœurs tout comme sa mère adorent le 7ème art. «Moi et toutes mes soeurs, nous sommes de vraies actrices. Nous aimons jouer jour au théâtre avec maman».

L’objectif de la cinéaste Sandrine dans le cinéma : transmettre des valeurs positives à un grand public. Explications. « J’ai le zèle de dire ce que je ressens à beaucoup de personnes. Surtout de bonnes choses pour les rendre heureuses».

Chacun de ses quatre films a alors un message à transmettre. « Ejo ni heza » (2015): Après les études, il ne faut pas sous-estimer le travail, même un petit job car demain sera meilleur. « Ebenezer » (2017): couples sans enfants, soyez forts, restez amoureux malgré les moqueries de vos voisins ou vos familles. «Umugore w’ubwenge » (2019): la bonne femme bâtit bien sa maison,  l’insensée la renverse avec ses propres mains. «Buzoca» (2020): malgré les problèmes préserverez car  un jour le soleil se lèvera.

« Sandrine, que dirais-tu du FESTICAB? »

 « C’est un événement qui cadre bien avec mon talent. J’ai pu avoir eu beaucoup de connaissances dans le domaine du Cinéma. J’ai aussi fait connaissances aux différentes personnalités en provenance de différents pays qui ont des expériences dans ce 7ème art ».

« Peut-on vivre du cinéma » ?

Sandrine NIZIGIYIMANA lors d’une interview à propos du lancement officiel de son film « Buzoca ».©DR

« Oui, mais ça dépend. On doit fournir beaucoup d’efforts et de moyens pour aboutir à ça. Moi, pas encore. Mais, j’ai toujours de l’espoir car, comme on le dit,  vouloir c’est pouvoir. Et entant qu’une femme battante, je dois continuer de révéler au monde que j’ai une valeur inestimable qui vient de la sueur de mon front. Je suis déterminée. Rien ne pourra m’empêcher d’évoluer. « Ejo ni heza » (Demain est meilleur) s’intitule ainsi mon premier film) »

« Est-ce facile de produire un film ?»

« Pas du tout. Personnellement en tant qu’une femme en âge de procréer avec toutes mes responsabilités, c’est travail très fatigant. Je donnerais un exemple pour mon premier cinéma. J’avais une grossesse de 4mois. Il y une scène où je devrais sauter en haut. Distraite. Je l’ai fait. Rire aux éclats. Egalement, il y a encore des tournages qui durent toute la  journée. Là, je suis obligée d’aller avec mon bébé pour l’allaiter quand il a besoin de téter. Des fois, il arrive qu’il demande ça en pleine scène. On arrête d’abord puis on continue après qu’il est rassasié.

« Un mot à ceux qui veulent se lancer dans la production des films »

« Faire du cinéma n’est pas chose facile comme certains le pensent. C’est un dur labeur. Toutefois, ça profite beaucoup et fait faire vivre à ceux qui y mettent tout leur sérieux. Courage à tous».

Sandrine NIZIGIYIMANA Elle est présidente d’une association » Union des Cinéastes Burundais ». Elle est la lauréate du prix « meilleure idée » de 2017  octroyé par l’Agence pour la Promotion de l’Investissement, API. « Mon idée était la production des films audio-visuels », se réjouit-elle.

Il est à rappeler que notre cinéaste a récemment présenté son film « Buzoca » le 17 octobre 2020.