

L’assemblée générale des Nations Unies a adopté en 2012 une résolution sur la santé mondiale et la politique étrangère. Là, elle invite les pays à accélérer leurs progrès vers la Couverture Sanitaire Universelle (CSU). L’idée est que tout citoyen puisse avoir accès à des services de santé de qualité dont il a besoin, où et quand il en a besoin sans être exposé à des difficultés financières. Et cela à l’horizon 2030 selon la résolution de 2015. Au Burundi, la balle est dans le camp des acteurs concernés ; la détermination se remarque, en témoignent différents événements déjà organisés autour de cette thématique. La journée du 23 juillet 2024 était consacrée aux échanges et réflexion sur la thématique de mutualisation du risque maladie visant la couverture sanitaire universelle au Burundi, un atelier national organisé dans le cadre du projet TWIVUZE TWESE par le Ministère de la Santé et de la Lutte contre le SIDA avec l’appui de WeWorld-GVC tenu à La Détente, en Mairie de Bujumbura. Des acteurs concernés par la thématique de mutualisation étaient représentés et ont jugé de grande importance l’événement.

Giampaolo Pastorelli, représentant pays de WeWorld-GVC rappelle que le projet TWIVUZE TWESE, financé par l’Union européenne, vise à renforcer les systèmes de santé communautaires et promouvoir la gestion efficace dans les familles. « Aujourd’hui, nous nous réunissons pour échanger des idées et formuler des recommandations sur les meilleures pratiques sur la mutualisation du risque maladie », donne-t-il de la lumière, Pastorelli dans son discours avant de saluer la participation satisfaisante à tous les niveaux. L’objectif de l’atelier, poursuit-il, est de mobiliser les décideurs et promouvoir l’adoption des mécanismes de mutualisation afin de réduire les charges financières qui pèsent sur la population et améliorer leur accès aux soins nécessaires. Tout cela pour atteindre la couverture sanitaire universelle. « Ensemble, nous pouvons construire le système de santé résilient et inclusif », est-il convaincu ce représentant pays de WeWorld-GVC.
Cet espoir et volonté du représentant de WeWorld-GVC sont partagés par le gouvernement, l’acteur principal. « La couverture sanitaire universelle est l’une des cibles que les pays du monde se sont fixés lors qu’ils ont adopté en 2015 les objectifs du développement durable (ODD) à l’horizon 2023. Et le Burundi n’en fait pas exception, plutôt une priorité. La CSU constitue une des priorités du gouvernement burundais comme le témoigne la récente organisation en février 2024 du dialogue de haut niveau sur le refinancement de la santé auquel même les représentants des hautes structures ont pris part », a indiqué Dr dans son discours d’ouverture de l’atelier.
Selon l’OMS, rappelle-t-il, la CSU vise que l’ensemble de la population ait accès aux services préventifs, curatifs, palliatifs de réadaptation et de promotion de la santé et faire en sorte que ces services soient de qualité, suffisante pour être efficace sans qu’on éprouve des difficultés financières.
Le chemin est encore long…

Photo de Olivier Nijimbere, secrétaire permanent au Ministère de la Santé et de la Lutte contre le Sida
Seulement 2% de la population sont couverts par les mutuelles de santé communautaires. Et 20% par la Carte d’Assurance Maladie (CAM). Dr Olivier Nijimbere juge trop bas ce taux. Selon ce secrétaire permanent, il faut garder le pied sur l’accélérateur et un changement de mentalités à tous les niveaux jusqu’au niveau de la communauté. Néanmoins, il salue l’implication des acteurs notamment les organisateurs de tels événements dont les recommandations ont un impact positif significatif dans la promotion de la bonne santé de la population. « Nous en disons merci. Nous avons un grand chantier en commun. Que chacun apporte sa pierre angulaire afin que la Couverture Sanitaire Universelle soit une réalité au Burundi », dit Dr Olivier Nijimbere.
Ce faible pourcentage dans l’adhésion aux mécanismes existants de mutualisation de risque maladie constitue un des freins du développement selon Mme Francine Munezero du Secrétariat Exécutif de la Commission Nationale de Protection Sociale (SEP/CNPS). Elle souligne, surtout dans la communauté, le niveau très faible de partage du risque maladie. Et pour elle, cela a pour conséquences de ne pas pouvoir bien se faire soigner en cas de maladies, ce qui leur empêche de vaquer aux activités de développement, bonjour la pauvreté dans les familles.
Promouvoir une bonne santé, une des priorités de l’Union Européenne

Photo de Laure DREGE qui a représenté dans cet atelier la délégation de l’Union Européenne
« Une des priorités que l’U.E s’est fixée pour ses actions de coopération en accord avec les autorités du Burundi est l’amélioration de la santé de la population« , fait savoir Laure DREGE qui a représenté dans cet atelier la délégation de l’Union Européenne. Et d’expliquer, depuis 2014, 1/3 de financements destinés au Burundi sont orientés dans le domaine de la santé. Laure DREGE ne doute pas que le projet TWIVUZE TWESE, qui est une exécution des composantes du programme d’appui aux systèmes de santé dénommé « Amagara mu Muryango », contribuera significativement dans le renforcement de la gouvernance, la participation communautaire dans la gestion des soins de santé et l’intégration de la santé communautaire.
Revenant sur l’atelier national sur la thématique de mutualisation au menu du jour, l’objectif est de donner la contribution dans la mobilisation des décideurs pour s’impliquer activement dans la sensibilisation des communautés en faveur de la mutualisation du risque maladie au Burundi en vue de permettre la CSU ainsi que formuler des recommandations. La recommandation de cette organisation bailleur du projet TWIVUZE TWESE est fortement d’accélérer les réflexions sur le financement de la santé et d’en opérationnaliser la stratégie nationale. Cette stratégie et plan de mise en œuvre, reste confiante Laure, permettront de mieux orienter les futures interventions.
Du côté gouvernement, bientôt va sortir un livre cadrant et donnant une bonne orientation des mutuelles de santé communautaire comme l’a révélé Dr Olivier Nijimbere, SP au Ministère de la santé.
Signalons que le projet TWIVUZE TWESE financé par l’Union européenne est en cours d’exécution dans six provinces par le Consortium de trois organisations : WeWorld-GVC (chef de file), COPED et l’IADH. Le soutien et renforcement des instances communautaires de la santé (COSA et GASC) en est au centre de ce projet.
Notons également que les échanges et la sensibilisation sur la thématique de mutualisation du risque maladie se poursuivront dans les prochains jours au niveau des 6 provinces d’intervention (Bujumbura, Cibitoke, Kayanza, Ngozi, Muramvya et Rumonge) et au niveau des districts pour une mobilisation/sensibilisation des autorités et la communauté jusqu’à la base.
Gérard HABURANIMANA