Les députés avaient affaire à analyser et adopter le projet de loi portant fixation des finances de l’État, exercice 2024/2025, ce jeudi 13 juin 2024. Audace Niyonzima, ministre des Finances était l’invité à l’hémicycle de Kigobe pour présenter le projet . Le budget général de l’État exercice 2024/2025 s’élève à 4 382,98 Milliards de BIF contre 3 780,95 Milliards de BIF de 2023/2024 , soit une augmentation de 15,92%. Fatigués par les échanges de toute la journée, affamés pour « jeûne » du jeudi, la chambre basse a enfin approuvé ce budget à 84% , soit 100 députés sur 118 présents. Les 18 se sont abstenus à ce budget déficitaire de 441,87Mrds.
Passer de 3 780 Mrds à 4 382 Mrds n’a pas laissé indifférents les élus du peuple. « L’accroissement de 15,92% est dû principalement à l’augmentation de l’investissement sur les ressources intérieures passant de 921,29 Mrds BIF pour l’exercice 2023/2024 à 952,02 Mrds pour la mise en œuvre des projets prioritaires du gouvernement, d’une part et les dépenses salariales qui passent de 890,05 Mrds BIF à 1 107,24 Mrds d’autre part « , leur a-t-il expliqué.
Pour ce qui est du déficit , Audace Niyonzima a indiqué le fossé de 441,87 Mrds sera comblé par les financements extérieur et intérieur.
Le financement extérieur net projeté, précise-t-il, s’élève à 224,49 Mrds alors que le financement intérieur net s’élève à 217,37 Mrds.
De nouvelles mesures pour élargir l’assiette fiscale
Le ministre des Finances signale de nouvelles mesures introduites pour élargir l’assiette fiscale qui, selon lui, donneront un impact budgétaire significatif. L’on cite entre autres l’ augmentation de la taxe de consommation sur les lubrifiants de 260 à 300F par litre qui aura un impact de 118,1 milliards ; une surtaxe de 25% à l’importation des des limonades et autres boissons non alcoolisées et jus de toute nature avec une projection de 5,38 milliards , une mesure justifiée par la protection des industries locales produisant les mêmes produits ; une carte d’agrément pour une agence aérien, terrestre et maritime et pour une agence de transport international terrestre de convoi des véhicules importés de l’étranger qui s’envole de 2.000.000 à 10.000.000 F ; incorporation de la redevance routière et environnementale dans le prix du carburant de 75F par litre consommé ; un prélèvement forfaitaire d’impôt de 2% du prix de vente sur les huiles produites localement et les huiles palmistes. Le ministre précise que les recettes intérieures en projection du nouveau budget pour l’exercice 2 024/2025 s’élèvent à 2505 Mrds contre contre 1 955 Mrds de l’exercice passé, soit une augmentation de 28,08%.
L’augmentation du budget qualifié de fardeau
Certains députés ne mâchent pas les mots. Ils considèrent que l’augmentation à ce niveau est un fardeau pour une population qui était déjà dans le désarroi de la cherté de la vie, l’absence des produits essentiels, la hausse des prix, etc.
« On devrait avoir pitié de la population. Jusque quand la hausse des taxes ? Ne voyez-vous pas que c’est la population qui en subit ? » déplore l’honorable Agathon Rwasa. Pour cet icône de l’opposition, le gouvernement aurait pensé à réduire les allocations folles pour les intendances des hauts dignitaires du pays et adopter une politique de serrer la ceinture plutôt qu’enfoncer le clou dans la plaie de la population.
« Trop d’impôts tue l’impôt. Cette haute taxation ne va pas du tout favoriser la population », lui emboîte le pas Hon. Euphrasie Mutezinka, après avoir dénoncé le retard du projet de loi qui fait que les députés ne peuvent pas bien lire et en méditer.
Le ministre Audace Niyonzima tranquillise que le projet de loi met au centre l’intérêt de tout burundais. Il explique que l’augmentation vise en particulier à booster l’économie du pays . Niyonzima donne l’exemple de l’amélioration des infrastructures publiques, les allocations pour équiper les écoles et permettre d’augmenter le nombre d’élèves à l’internat ainsi qu’améliorer les conditions de vie et d’apprentissage des étudiants de l’Université nationale et autres. Audace Niyonzima avoue le tort lié au retard du projet de loi du budget mais, justifie que le projet a dû s’inspirer de différents documents dont celui parlant de la mise en œuvre de la vision 2040, pays émergent et 2060 , pays développé.
Gérard HABURANIMANA