Une campagne de deux mois pour lutter contre les fistules obstétricales a été lancée, ce vendredi 09/9 à Gitega , par le ministère de la santé sous le haut patronage de la première Dame Angéline Ndayishimiye. Parmi 3029 femmes et filles traitées, 97% se sont bien rétablies. La fistule obstétricale est guérissable, une fois traitée. Elle est aussi évitable si on s’éloigne des causes. Les conséquences en sont énormes .
Nzorironkankuze Jean Baptiste , secrétaire permanent au ministère de la santé et de la lutte contre le Sida, a fait savoir que les femmes venues de toutes les provinces , victimes des fistules obstétricales viennent au centre URUMURI (traitant la maladie) et retournent chez eux , guéries ,en joie inestimable . « Depuis sa création en 2010 jusqu’ en juin 2021 , 3029 femmes ont été opérées et 97% se sont bien rétablies », explique-t-il . La notion âge compte . « 25% de ces femmes ont moins de vingt et cinq ans (25 ans) », a-t-il précisé.
Le secrétaire permanent indique que c’est grâce aux conseils du personnel soignant et une sensibilisation des animateurs communautaires et l’ administration que le centre accueille un grand nombre des femmes victimes des fistules obstétricales. Ce cadre du ministère espère que cette campagne qui va du 09 septembre au 05 Novembre 2022 , sera une occasion d’opérer les malades et une large sensibilisation pour que tout le monde aie des informations suffisantes .
Les causes et les conséquences…
La Première Dame du Burundi Angéline Ndayishimiye indique que la campagne de deux mois, lancée officiellement , c’est une occasion pour montrer que la fistule obstétricale est une évidence au Burundi mais qu’elle est guérissable. Elle affirme que le Centre Urumuri a des spécialistes pour le traitement. De plus spécial , en cette période de campagne, un spécialiste venu de l’étranger, a été amené grâce à l’appui de l’organisation onusienne FINUAP.
Pour la première Dame, la fistule obstétricale est due à l’absence des consultations pré-natales régulières, l’accouchement à domicile, l’absence de planning familial , les accouchements à bas âges (moins de 25) ainsi que celles dont le premier accouchement vient à 35 ans et plus.
A ces causes, Dr Yollande Magonyagi ajoute les séquelles de traumatisme local , fautes techniques lors d’une césarienne, intervention génychologique , malformation des voies génitales.
Les conséquences lourdes sont à la porte des victimes . Angéline Ndayishimiye évoque la discrimination , la stigmatisation, isolement, divorce -honte-perte d’espoir, incontinence urinaire et/ ou fécale chronique , rejet par la famille, etc.
Ils témoignent….
« Je m’appelle Nitangavyose Vestine , j’ai 19 ans , un garçon m’a mentie et m ‘a enceintée. Lors de l’accouchement, ça n’a pas été facile . J’ai passé un jour au centre de santé proche de nous mais sans succès. Les infirmiers m’ont transféré à l’hôpital où j’ai passé deux jours entre la vie et la mort. A peine , par césarienne , un enfant déjà perdu la vie est venu. La suite a été aussi amère. Deux semaines à la maison , en douleurs, je voyais les matières fécales et urinaires prendre la même voie sans contrôle. Mes parents n’étaient pas au courant de ce qu’il s’agit. Ce sont les animateurs communautaires qui m’ont apprise que c’est une maladie de la fistule obstétricale et m’ont donnée des informations sur le centre URUMURI . Après 3mois de traitement , je me sens bien , même si je ne me suis pas encore rétablie à cent pour cent « , témoigne cette jeune fille de la colline Rukamba en commune Buhiga, la province est Karusi.
L’expérience a laissé une leçon à Vestine Nitangavyose : il ne faut pas tomber enceinte à bas âge. En cas d’atteinte de la fistule obstétricale , il faut se rendre tout de suite au centre de traitement. La maladie est guérissable.
Pour Jérémie Bandyatuyaga qui a une femme guérie de la fistule obstétricale, les hommes doivent être proches de leurs épouses et pas les abandonner pour la simple raison qu’elles sont malades. Il leur demande de respecter les conseils des médecins pour ne pas mettre en cause la santé de leurs conjointes. « Ma femme a été victime de la fistule obstétricale à la septième naissance , après l’accouchement difficile . Après avoir constaté la maladie, je l’ai accompagnée, j’ai donné mon maximum et la voici guérie , nous sommes en joie » , renchérit- il. Et d’ailleurs, ajoute ce chrétien anglican de Nyabitsinda , lors du serment de mariage, on s’engage à s’entraider dans les bons et mauvais moments.
L’on signalerait qu’après le lancement officiel de la campagne du ministère de la santé et de lutte contre le Sida , par le biais du Programme National de Santé de la Reproduction , la première Dame a octroyé aux patients du Centre Urumuri des vivres et non vivres. L’on signalerait également que depuis sa création, le centre est appuyé par le FNUAP et récemment, la fondation Bonne Action l’a appuyé en locaux et équipements.
Gérard HABURANIMANA