Au Burundi, selon l’Enquête Démographique et de Santé 3ème Génération 2016-2017 du Burundi, 8% des femmes âgées de 15-19 ans ont déjà commencé leur vie procréative, 6% ont déjà eu, au moins, une naissance vivante et 2% sont enceintes de leur premier enfant. Le sondage réalisé par Medical Students for Choice Burundi auprès des délégués de la faculté de psychologie à l’université du Burundi en 2021, au moins 15 filles de la première année du baccalauréat avaient des grossesses et au moins 10 filles se sont mariées par classe en raison d’une grossesse.
Si, d’une part la situation de ces filles n’attire aucune attention car étant majeures, d’autre part, force est de constater qu’elles évoluent difficilement dans la formation, enregistrant des absences et parfois une interruption de la formation académique. Le rendement devient faible pour celles qui réussissent à continuer et l’employabilité difficile pour celles qui parviennent en fin de cycle. Ceci renforce leur situation de vulnérabilité aux violences basées sur le genre ainsi que leur position d’éternelles assistées de la société.
C’est pour contribuer à résoudre cette situation que Medical Students for Choice Burundi et UNFPA, en collaboration avec l’Université du Burundi (Campus MUTANGA, KAMENGE, ROHERO et KIRIRI) ont organisé des sessions de renforcement des capacités des jeunes étudiants sur la SSRAJ ( santé sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes. Environ 300 étudiants y ont participé.
Zoom sur les journées d’échange sur la gestion de la santé sexuelle et reproductive avec les étudiants de l’université du Burundi.
Pour prévenir les Grossesses non désirées et/ou les Infections Sexuellement Transmissibles en leur sein, les étudiants ont mis en place une stratégie qui devrait permettre de prévenir ce phénomène.
L’éducation à la sexualité responsable et aux compétences de vie dans les écoles fondamentales et post fondamentales est un processus qui n’est ni systématique ni consensuel, alors que les jeunes deviennent de plus en plus sexuellement actifs. En effet, selon les chiffres du Ministère en charge de l’Éducation, 1233 élèves en 2019-2020 et 1195 en 2020-2021 ont eu des grossesses non désirées, selon le rapport des données sur les grossesses des élèves, édition 2020-2021. En outre, selon les statistiques tirées du DHIS2 (District health information software), 120 filles et 37294 filles successivement des tranches d’âge de 10 et 14 ans et de 15 à 19ans ont donné naissance dans les formations sanitaires en 2021.
Les universités, oubliées du programme de la Santé Sexuelle des Adolescents et des Jeunes ?
Les Universités ne sont pas toujours prises en compte dans les statistiques en lien avec la SSR des jeunes et des adolescents, les efforts étant souvent concentrés sur les cycles antérieurs.
De plus les informations qu’ils reçoivent dans leur jeune âge sont parfois contradictoires. Tous les élèves ne reçoivent pas les informations et connaissances correctes sur la santé sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes parce que les interventions ne se limitent qu’à quelques écoles. Cependant ils reçoivent des informations des adultes, des parents, médias, des églises, des pairs et de partout ailleurs qui sont parfois contradictoires ou pas clairs. Ils restent dans l’ignorance et ne savent pas comment gérer leur sexualité. Encore à la maison, les jeunes restent des enfants à qui l’autonomie socio-économique est refusée. Ils sont sujets à pratiques culturelles taboues en tout ce qui concerne la sexualité. C’est cette population alors que l’espace académique reçoit chaque année. Une population qui a soif de la « liberté » et qui transite vers une mode de vie autonome dans les campus universitaires. D’où les bémols !
« Medical students for choice Burundi » voudrait alors encadrer les jeunes de la première année baccalauréat sur la gestion de leur santé sexuelle et reproductive afin de leur éviter les conséquences des choix mal opérés et/ou opérés sans information adéquates de base.
Pour respecter les croyances de chacun des participants et donner le choix à tous, les organisateurs ont abordé toutes les méthodes modernes contraceptives ainsi que les naturelles.
Il a été très surprenant de découvrir que plus de la moitié des étudiants ne connaissait pas le fonctionnement de leur cycle menstruel et encore moins déterminer la période féconde. Il y a lieu de croire qu’elles ignoraient qu’elles pouvaient avoir ces informations au niveau des formations sanitaires, la sexualité étant jusqu’aujourd’hui taboue. Beaucoup de questions ont été posées, même les plus élémentaires.
Les jeunes médecins ont transmis dans un langage accessible à tous, les informations concernant l’atteinte des objectifs de développement de chaque individu qui va à l’université et les barrières possibles. Ils ont ainsi abordé l’évolution psycho-affectif de l’adolescent, les mariages précoces, les grossesses non intentionnelles, les infections sexuellement transmissibles y compris le virus du VIH et autres.
Elles témoignent…
Les jeunes qui ont vécu des situations difficiles ont témoigné. Une jeune fille de 22 ans ne supportant plus le comportement de son copain a décidé de rompre la relation. Le jour où le jeune homme l’a su il a aussi monté son plan. Il a profité de la faiblesse de la fille et a abusé d’elle, jusqu’à ce qu’elle tombe enceinte. Elle a abandonné l’université pendant deux années académiques avant de poursuivre ses études. Elle n’a jamais reçu le soutien du jeune homme, qui, lui, a poursuivi ses études.
Ce cas n’est pas isolé. Une autre étudiante, a intégré l’université du Burundi en 2020 à l’âge de 19 ans. C’était la première fois qu’elle venait à Bujumbura. Après quelques mois, elle a entretenu une relation avec un étudiant de classe supérieure. En raison du manque d’information sur la prévention des grossesses, la fille n’a pas tardé à tomber enceinte, le garçon s’est enfoui et la fille est restée seule à s’occuper de sa grossesse. Elle a attendu l’accouchement qui a d’ailleurs été un calvaire, avant qu’elle ne reprenne les études.
Des interventions urgentes !
Dans les universités, la liberté, l’ambiance et certains mythes incitent plus d’un à expérimenter les relations sexuelles. La pauvreté, la consommation excessive d’alcool et de stupéfiants exposent de plus en plus les étudiants à certaines pratiques qui mettent en danger leur vie, les exposant notamment aux infections sexuellement transmissibles(IST) et au VIH/SIDA. Les trois séances qui ont duré chacune autour de 3 heures de temps n’ont pas été suffisantes pour répondre aux questions qui préoccupent les jeunes. C’est à peine qu’ils ont retenu les caractéristiques de chaque méthode contraceptive, l’usage du préservatif ou les conditions d’application des méthodes naturelles. Plusieurs questions sont restées sans réponses. Cependant, Medical Students For Choice Burundi grâce à l’appui de UNFPA Burundi, a contribué dans la réduction des grossesses et IST surprises pour au moins 300 jeunes filles et garçons étudiants à l’université du Burundi en renforçant leur capacité sur les éléments basiques de la SSRAJ.
Eraste Manishaka
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Coup de chapeau. Un article bien rédigé, idées bien rangées en bon français,…