Depuis l’annonce du Ministre de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique limitant la zone, désormais ligne rouge pour les conducteurs des vélos, des motos et des Bajaj dans certaines parties de la ville de Bujumbura, diverses opinions laissent une crainte profonde que les discours du Ministre et l’appel au calme du Président de la République n’ont pas pu assoupir.
Comme l’a chanté un chanteur burundais « I Bujumbura Ntihaba uwubishaka haba uwubishoboye », pour dire qu’il ne suffit pas de le vouloir pour pouvoir y vivre.
Sans que des milliers de burundais ne s’y attendent mais, selon lui, dans le souci de diminuer le nombre d’accidents de circulation souvent provoqués par les conducteurs des vélos, motos et bajaj en Mairie de Bujumbura, surtout au centre-ville, le Ministre de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique, Gervais Ndirakobuca, a déclaré zone rouge un grande partie de la ville de Bujumbura, dont toute la commune de Mukaza et certaines parties des quartiers périphériques.
Cette annonce a coupé le souffle aux conducteurs de ces moyens de déplacement, aux utilisateurs et propriétaires qui n’étaient pas préparés à faire leurs valises et quitter la ville comme des étrangers qui se sont trompés de chemin, ou à faire une croix sur leur gagne-pain. « Où et comment va-t-on vivre ? Nivyanka gose nzoduga mugani wa Double Jay… » , se plaignait Japhet Nkurunziza,conducteur d’un bajaj en commune de Mukaza.
Dans la tourmente et sans succès, le syndicat des conducteurs de ces véhicules a essayé de persuader le Premier Ministre burundais, CPG Alain Guillaume Bunyoni, par une lettre demandant la suspension de cette mesure dans l’intérêt de leurs familles.
Pour Faustin Ndikumana de la société civile, Cette mesure survient très tôt et nécessite d’être revue pour ne pas plutôt faire le mal pour le bien. Ce président de PARCEM DUHINDURE INGENDO a expliqué, lors d’une conférence de presse de ce 03 Février 2022, que ces véhicules font vivres beaucoup de familles.
S’appuyant sur l’exemple de Washington en Amérique, il explique que les motos et les bajaj peuvent être interdits dans les capitales politiques et non dans les capitales économiques.
Selon M. Faustin Ndikumana, la mesure de limiter la zone de roulage pour les conducteurs de ces véhicules n’était pas nécessaire pour différentes raisons, entre autres le nombre insuffisant de bus et voiture en mairie de Bujumbura, des bus en mauvais état, des routes impraticables, le manque répétitif du carburant qui exige un recours à ces véhicules pratiquant des prix abordables.
Bien plus, cette activiste de la société civile propose des solutions. « Sensibiliser tout le monde sur l’impact négatif de l’excès de vitesse, sachant que le code de la route limite cette vitesse a 50km/h en mairie de Bujumbura, sensibiliser les personnes sur le danger de conduire en état d’ivresse, équiper la police en instrument comme l’alcooltest et des caméras surveillants les excès de vitesse, mettre de la rigueur dans le contrôle technique pour mettre hors d’état de nuire les véhicules, surtout de transport en commun qui ne remplissent pas les conditions de jouer ce rôle, être rigoureux dans l’octroi des permis de conduire et informatiser les fiches signalétiques des conducteurs pour le suivi de leur discipline.» Recommande Faustin Ndikumana.
Préoccupés par la mesure, les députes s’en expriment…
Devant la chambre basse du Parlement en date du 24 Février 2022 pour présenter le rapport de la cour des comptes sur la gestion financière des recettes et dépenses des communes prises en échantillons, le Ministre en charge de la Sécurité Publique n’a pas échappé aux différentes questions des députés sur cette décision.
Le député Pascal Giheke est intervenu pour demander la révision de la mesure car, dit-il, « les conséquences de cette mesure sont inquiétantes surtout pour les élèves qui utilisaient ces véhicules comme moyen de déplacement vers et de leurs écoles.»
Honorable Elias, lui aussi, réagit. « La mesure en soi n’est pas mauvaise. Seulement, il serait louable, excellence Monsieur le Ministre, de nous accorder une audience pour vous proposer la mise en pratique de cette mesure sans causer des conséquences énormes pour la société comme le craignent les citadins.»
Malgré ces demande et recommandations, la mesure est irrévocable…
Vu le nombre d’accident provoqués par ces véhicules (30 morts chaque semaine), le ministre en charge de la Sécurité Publique a réitéré qu’il serait dans l’intérêt de tout le monde de commencer la préparation pour la mise en pratique de cette mesure car, dit-il, « La mesure est technique, pas politique. Donc je ne peux pas m’y opposer ».
« Nous aussi possédons ces Bajaj, motos qui génèrent pour nous des revenus, mais nous devons d’abord sauver la vie de la population » a-t-il ajouté.
Le haut sommet de l’Exécutif émet aussi dans les mêmes ondes que le Ministre en charge de la Sécurité Publique.
« Personne ne sera attirée par un pays où règne le désordre. Je ne peux pas accepter que 30 personnes perdent la vie chaque semaine alors qu’on n’est pas en guerre. Quel investisseur viendra dans un tel pays. » a réagi le Chef de l’Etat Evariste Ndayishimiye lors d’une séance de moralisation à Muyinga, ce 11 Mars 2022.
Signalons que le ministre de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité Publique, Gervais Ndirakobuca, leur a accordé un délai de 10 jours à dater du 11 Mars qui avait été donné comme date d’application de la mesure.
Eraste Manishaka
3 Comments
Un très bon article !!!
Merci pour ces renseignements prodigués .
Grand merci
Bien rédigé . Aller de l’avant mon cher