A chaque trois mois, les porte-paroles des institutions publiques répondent, en émission publique, aux questions des journalistes et de la population présente que celle appelant au numéro indiqué. Des questions d’intérêts communs et individuels, malgré les consignes, sont les bienvenues. L’émission a une durée de 3heures. Un temps jugé insuffisant par toutes les parties. Ça a été le constat de l’émission de ce 13 juillet 2023, tenue au chef-lieu de la province Muramvya.
De gauche à droite: Prosper Ntahorwamiye(porte parole du gouvernement), Rosine G Gatoni (porte parole du president) et Agnès Bangiricenge (porte parole de la cour suprême)
Le temps fait défaut. La population trouve l’émission publique comme une bonne occasion d’exprimer leurs doléances. Tous aux aguets, en présentiel qu’au téléphone. Les journalistes s’y préparent pour pouvoir poser des questions aux porte-paroles connus de leur peur du micro , dont la tension monte s’ils reçoivent un appel d’un journaliste . Convaincantes ou anesthésistes que soient les réponses, la durée de l’émission est trop courte pour répondre même aux peu de questions posées.
On est à 9 heure précise, l’émission commence. L’animateur principal rappelle l’emploi du temps : les journalistes ont une heure et les deux restantes sont réservées aux questions de la population. Parmi à peu près une centaine de journalistes présents, seulement 10 trouvent l’occasion de poser leurs questions. Pertinentes qu’elles soient, ce très peu de questions peinent à trouver la <<réponse>> à cause de la course au chrono. De l’autre côté, s’observent de longues files de la population qui veulent adresser leurs doléances aux porte-paroles, tout en espérant que ces derniers détiennent tout le nécessaire pour en trouver solution. « L’on ignore la teneur des réponses ». D’autres attendent impatiemment le moment des appels téléphoniques. Quelques questions et réponses en leur légèreté, pas du moindre temps pour les questions de relance, midi sonne et marque la fin de l’émission. Toutes les parties prenantes ont un même constat, le temps de 3heures est insuffisant.
« L’émission s’est bien déroulée. En tout cas, on remarque qu’aujourd’hui une évolution. Les journalistes posent des questions allant dans le sens de construire. Le problème qu’il y a , est celui du temps qui ne permet pas d’accueillir un maximum de doléances et y donner de la lumière », a indiqué le porte-parole du gouvernement, Prosper Ntahorwamiye ,après l’émission. Même son de cloche que la ministre de la communication, des et des TICs . « C’est évident que 3 heures de l’émission ne suffisent pas. Beaucoup de citoyens n’ont pas eu l’occasion de s’exprimer alors qu’ils en avaient tellement besoin », dixit Léocadie Ndacayisaba.
La solution envisageable minimise la place des journalistes à ces rendez-vous
Files de la population en train d’exprimer leurs doléances
Le problème est une évidence, de toutes les façons la solution doit être trouvée. « Je ne vois pas comment procéder : est-ce qu’on réduira le temps pour les journalistes pour donner la chance à un plus grand nombre d’autres citoyens ? Faudra-t-il accorder d’autres heures ? », s’interroge le porte-parole du gouvernement. Pour la ministre Léocadie Ndacayisaba, la population doit être priorisée. Selon elle, les journalistes ont plus de chances à trouver les porte-paroles même dans leurs activités quotidiennes. La ministre connaitrait-elle les jeux de cache-cache des porte-paroles ? Ne serait-elle au courant de la façon dont ces fuient le micro, ou donnent des rendez-vous en manœuvres échappatoires, mensonges qu’ils sont dans des réunions imaginaires et autres.
« L’émission publique des porte-paroles est une occasion pour nous de rencontrer tous les communicants, même ceux qui nous fuient », a réagi Claudine Irambona , journaliste de la RTNB. Cette présentatrice principale trouve plutôt qu’il faut accorder une autre heure. « Et d’ailleurs, seules les journalistes posent des questions d’intérêt général alors que celles d’autres citoyens sont en grande partie individuelles« , explique-t-elle. Elle déplore qu’on pense à réduire encore leur petit temps qui était déjà retranché de 30minutes. Elle rappelle qu’à ce rendez-vous le temps fait défaut alors qu’on voulait profiter ces communicants qui se font chers oubliant leur mission. Rosine G.Gatoni , porte-parole du président de la république, trouve sérieux le problème et propose de s’asseoir ensemble pour une solution. La solution à ce défi du temps, selon le ministre ayant la communication et les médias dans ses attributions, est soit organiser des conférences de presse régulières, soit des synergies de tous les médias et inviter les ministres. Cela, a-t-elle insisté, permettrait à accorder un maximum de temps aux citoyens dans les émissions publiques. L’option d’augmenter la durée de l’émission n’est pas aussi oubliée.
Ils se sont convenus de s’asseoir ensemble pour trouver une solution.
Gérard Haburanimana