La banque de la République du Burundi accuse les institutions de microfinances de passer outre leur ligne de conduite. Cette banque centrale menace de prendre des mesures pour mettre sur les rails ces institutions financières si elles restent réticentes. Cela a été dit ce lundi du 10 janvier 2023, lors d’une réunion tenue par les cadres de la Banque de République du Burundi à l’intention des dirigeants des institutions de microfinances et les établissements de paiement visant à échanger sur les états des lieux, les défis auxquels fait face le secteur ainsi que les pistes de solution. Une occasion aussi pour échange de vœux du nouvel an.
« Bien que tant convaincu que les réformes visant la consolidation de l’assise financière avec la revue à la hausse du capital minimum exigé aux institutions de microfinances , l’amélioration du cadre de gouvernance,etc initiées par la banque centrale ont un impact positif pour l’offre de produits et services financiers,surtout le renforcement de la confiance des consommateurs de ces derniers, on ne peut pas ignorer que le secteur financier est en perpétuelle mutation et que les prestataires du domaine doivent s’y adapter constamment » , indique Dieudonné Murengerantwari, gouverneur de la BRB .
Les institutions de microfinances sont taxées de ne pas honorer la réglementation. Selon Murengerantwari, les manquements reprochés aux IMF sont entre autres le non respect de limite de détention de participation et de responsabilités des actionnaires de référence et des actionnaires qualifiés , le non respect de certaines normes prudentielles plus particulièrement celles en rapport avec la limitation des prêts aux membres des organes de gestion et du personnel , le manque de professionnalisme de certains dirigeants ou actionnaires, le personnel non expérimenté, le non appropriation des textes légaux et réglementaires qui régissent le secteur ainsi que la mauvaise gouvernance des institutions de microfinances de troisième catégorie.
« 8 IMF sur 35 , soit 22% , ont violé l’obligation de maintenir en permanence le niveau du capital minimum. 20 IMF sur 35, soit 52%, l’obligation de limiter les risques pris sur une seule personne : cela en octroyant un crédit au-delà de 5% des fonds propres de base à une seule personne, des personnes apparentées ou un groupe de personnes liées. 12 IMF sur 35, soit 34%, ont violé la limitation des prêts aux membres des organes de gestion et au personnel de l’IMF ainsi que des contreparties individuelles« , éclaircit Glicérie Manirambona, cadre à la BRB chargée des institutions de microfinances.
La 4ème catégorie de microfinances, un challenge pour d’autres….
La quatrième catégorie de microfinance concerne les groupements communautaires financiers. Cette catégorie constitue un des obstacles pour le développement d’autres microfinances. « Nous nous retrouvons face aux nombreux concurrents qui parfois nous dépassent par leurs façons faciles de pénétration. Mais, c’est compréhensible, la domination a raison : nous ne sommes pas régis par les mêmes textes réglementaires. Vraiment, il faut des mesures sinon nous continuons de travailler à perte “, se lamente un participant.
La banque centrale comprend cette préoccupation des dirigeants de ces institutions de microfinances et promet d’en trouver solution. « La banque centrale va prendre prochainement des mesures visant à recadrer des dits groupements communautaires« , a-t-il promis Prosper Ngendanganya, directeur de la supervision de la stabilité financière de l’inclusion financière à la BRB.
Ce cadre affirme que la banque régulatrice a constaté qu’il y a réellement des débordements, ce qui entraîne notamment des concurrences déloyales vis à vis des autres établissements agréés par la BRB. Et d’expliquer que de par la réglementation, il y a des activités bien identifiées pour ce qui est des groupements communautaires financiers qui doivent se faire enregistrées à la banque centrale. Pour lui, c’est réellement un challenge du secteur des microfinances et d’ici peu, martèle -t-il, la BRB va formuler un ultimatum aux dits groupements qui avaient déjà reçu des injonctions lors de la récente réunion. Il précise que les injonctions appelaient les groupements ayant atteint une certaine taille de procéder à la mutation. « C’est sans délai. « Le délai qui leur était accordé au mois d’Août, est déjà dépassé »
Dieudonné Murengerantwari, lui aussi reconnaît le tort des gouvernements communautaires financiers et donne un espoir. « C’est un autre défi de taille. Il indique que les institutions de microfinances de 4ème catégorie nécessitent un cadre réglementaire particulier, sans toutefois les dénaturer. « Je vous informerais que sur ce point, la BRB est déjà à l’œuvre pour y remédier« , tranquillise-t-il. Le numéro un de la banque centrale reste ferme, le redressement est de rigueur. Pour lui, le message est clair pour les problèmes endogènes des IMF : se conformer à la réglementation, éviter les risques, respecter les mesures prises et se marier avec la culture du leadership sous peine de se retrouver dans une situation compliquée entre la quadrilogie (clients-actionnaires-gestionnaire/dirigeants ainsi que le régulateur) « J’inviterais les dirigeants de faire une introspection et voir comment redresser la situation avant qu’il ne soit tard”, leur a-t-il demandé Murengerantwari .
Gérard HABURANIMANA
2 Comments
Espérons qu’elles vont se redresser afin de se conformer aux exigences du régulateur.
Le système financier est en perpétuelle mutation.
Il faut une bonne politique pour ça